Erickson : l’état post-hypnotique et son utilisation

Dans un article de 1941, le Dr Milton Erickson et son épouse Elizabeth Erickson explorent la question de la suggestion post-hypnotique et de la réminiscence hypnotique. Leurs observations, loin d’être totalement nouvelles, ravivent une question cruciale dans la pratique de l’hypnose.

Tout d’abord, les époux Erickson présentent l’acte post-hypnotique comme tel :

  • on donne à une personne hypnotisée (profondément) l’instruction de faire telle ou telle chose à tel moment dans l’avenir, ou à tel déclencheur (en réponse à tel stimulus)
  • puis on le réveille. Idéalement, il ne garde pas de souvenir de cette instruction ;
  • au moment décidé (ça peut être peu après la séance ou bien des heures, des jours, des mois, des années après), ou soumis au stimulus décidé, la personne, désormais hors de l’hypnose, effectue l’action, le plus souvent parfaitement automatiquement sans percevoir consciemment la cause ni le motif sous-jacents à cet acte, sans se souvenir d’où lui vient l’idée ou l’envie de le faire. L’acte post-hypnotique, ou prestation post-hypnotique, c’est cette action automatique programmée lors d’une hypnose préalable.

Mais ce qu’observent les époux Erickson, (confirmant ainsi des remarques déjà formulées par leurs prédécesseurs mais sans y accorder autant d’intérêt), c’est que lorsqu’ils exécutent l’action post-hypnotique, les sujets tendent à développer à nouveau un état de transe hypnotique, soit identique à la transe dans laquelle on leur a “implanté” cette commande, soit d’un degré moindre comme un échantillon de cette transe, soit d’une nature différente pour s’adapter au contexte. Et cette transe nouvelle, spontanée, peut être très courte, le temps d’amorcer l’action, mais peut également se maintenir durant toute l’exécution de la séquence automatique (pattern) et n’offrir au sujet de reprendre ses esprits qu’à la toute fin, se souvenant ou non de la séquence.
On pourrait considérer que cette transe post-hypnotique se présente comme une version induite (non pathologique) et de moindre ampleur de la fugue hystérique, décrite au XIXème comme un épisode d’automatisme durant lequel une personne se met à poursuivre un but mystérieux, en proie à une idée fixe, qui provoque comme une parenthèse de vie dont il ne gardera aucun souvenir. Les enjeux d’une observation telle que la transe post-hypnotique sont considérables? et même si depuis soixante-dix ans la connaissance sur ce sujet a beaucoup évoluée, cet article peu rigoureux et parfois assez vindicatif contient toutefois les éléments de base pour une réflexion et une exploration pratique d’une richesse indiscutable.

Aujourd’hui, beaucoup d’hypnotiseurs utilisent habilement les suggestions post-hypnotiques que ce soit :

  • dans un but thérapeutique ou pédagogique,
  • dans le but de démontrer un comportement ou de simuler une spontanéité factice dans le cadre d’une recherche comportementale
  • dans le simple but de divertir tout en faisant la démonstration des possibilités inconscientes.

Cependant, prendre conscience qu’au-delà  de l’exécution de l’acte post-hypnotique, il y a l’émergence d’un véritable état est fondamental pour plusieurs raisons :

  • éviter les programmations malencontreuses d’états de transe au quotidien. En effet, il n’est pas souhaitable qu’une personne se retrouve à  revivre une transe profonde à n’importe quel moment, et erre, hagard, développe des amnésies etc.
  • éviter des comportements adéquats mais dociles et dépersonnalisés. Par exemple, si dans une transe profonde, je demande à un sujet de se sentir parfaitement en forme lors de sa conférence de demain et de la mener avec éloquence et facilité, il y a un risque qu’il le fasse comme un acte post-hypnotique, donc replongé dans une transe si profonde qu’il n’en garde que peu ou pas de souvenir. Il n’aura pas le sentiment que cette compétence vient celui, n’en tirera aucune fierté et se trouvera incapable de reproduire cette performance dans l’avenir. C’est toute la question du travail en suggestion directe et de la maïeutique qui est un enjeu central en hypnothérapie depuis 1900.
  • et également pour donner à ces actes programmés des applications qui dépassent le simple comportement. En effet, je peux utiliser avantageusement la transe post-hypnotique pour susciter des états particuliers, voire permettre à  la personne un usage profitable de son auto-hypnose.

L’exemple de l’anesthésie? 

Pour illustrer ce dernier point, imaginons une application simple en anesthésie? : un sujet en transe profonde à  qui l’on apprend l’anesthésie hypnotique afin de le préparer à  une opération chirurgicale future.
Dans beaucoup de cas, l’anesthésie chirurgicale sous hypnose? demande l’induction d’un état hypnotique au moment même de l’opération et l’hypnotiseur est? donc être présent tout du? long de l’opération. Milton H. Erickson fournit de nombreux exemples de sa méthode qui consiste à  entraîner les patients l’anesthésie hypnotique lors de séances préalables, à  programmer le fait qu’ils développent l’anesthésie au moment d’entrer au bloc opératoire, lui n’ayant absolument pas besoin d’être présent.
C’est là  que la suggestion post-hypnotique constitue un outil très précieux. Un exemple? : on suggère que lorsqu’il sera allongé sur la table d’opération, il aura instantanément l’obsession de vouloir se souvenir des mots exacts du dernier livre qu’il a lu, et que cette tâche ardue l’occupera jusqu’à  la fin de l’opération. Lors de l’exécution de la tâche, quelque soit la période de temps qui sépare l’hypnose de l’opération, il développera un état d’absorption hypnotique profonde, accompagné d’une anesthésie et pourra même développer une amnésie naturelle plus ou moins grande de l’opération.
Voilà  le type de développement que ces travaux ont permis et qui sont encore très actuels.

Une clef du somnambulisme hypnotique? 

En outre, il? s’agit sûrement d’une des méthodes les plus intéressantes? d’induction de transes somnambuliques chez les sujets peu expérimentés en hypnose et normalement réceptifs, comme le démontre son utilisation chez certains hypnotiseurs de spectacle.
Permettez-moi de citer quelques extraits de l’article en question? :

«Les manifestations hypnotiques spécifiques qui se développent en rapport avec l’exécution de l’acte post-hypnotique suivent un schéma essentiellement constant, bien que la durée des différents éléments du comportement varie beaucoup selon l’objectif poursuivi et la personnalité du sujet. Ces manifestions suivent rapidement l’émission du signal spécifique à  l’acte post-hypnotique, et elles ont tendance à  respecter la séquence suivante? : le sujet suspend ce qu’il est en train de faire, il prend un air distrait et lointain, avec une perte d’éclat du regard, des pupilles dilatées et une impossibilité à  accomoder, puis il manifeste un état de catalepsie, le champ de son attention se fixe et se rétrécit, il paraît résolu, manifeste une perte de contact marquée avec son environnement général et une absence de réaction à  tout stimulus externe jusqu’à  ce que l’acte post-hypnotique soit en cours de réalisation ou soit terminé, selon la durée effective de l’état de transe lui-même et les impératifs de la tâche post-hypnotique. Même quand l’état de transe disparaît, ces manifestations perdurent, avec quelques modifications, et se traduisent par un comportement résolu, rigide, et presque compulsif, un état d’absorption et un manque de réaction général jusqu’à  ce que le sujet se réoriente de lui-même dans la situation du moment.

«De la même façon, à  un degré moindre, la disparition de l’état de transe et, à  un degré beaucoup plus grand, l’achèvement de la prestation post-hypnotique, sont marqués par une brève période de confusion et de désorientation dont le sujet émerge rapidement en prêtant de nouveau toute son attention à  la situation du moment. Mais, surtout, cette confusion et cette désorientation sont plus nettes si, pendant l’état d’absorption dans la prestation post-hypnotique, il survient quelque changement notable ou quelque modification dans la situation extérieure. De plus, il apparaît habituellement une amnésie, qu’elle soit partielle ou totale, de l’acte post-hypnotique et des événements concomitants survenus en dehors de la situation post-hypnotique. Dans les cas où le sujet retrouve le souvenir du déroulement des événements, on découvrira que ces souvenirs sont flous, erronés, et sont souvent plus des déductions que des souvenirs, déductions fondées sur ce qu’il a interprété ou compris de la situation au moment où il s’est réorienté. Pourtant, même si le sujet ne se souvient que peu ou pas du tout des circonstances concomitantes, il peut arriver qu’il se rappelle clairement de la totalité de la prestation post-hypnotique, mais il va la considérer simplement comme une impulsion isolée, inexplicable, limitée, ou plus souvent, comme une compulsion n’ayant aucun rapport avec le reste de la situation.»

Citons encore le cas rapportés par les Erickson? :

«Le récit suivant, fait de manière hésitante et incertaine, par un sujet qui venait d’effectuer un acte post-hypnotique, illustre la plupart de ces points? :

“Nous parlions de quelque chose, dont je ne me souviens pas du tout maintenant, quand j’ai soudain vu ce livre et je devais absolument me diriger vers lui, le prendre et le regarder – je ne sais pas pourquoi – je sentais seulement que je devais – une impulsion soudaine, je suppose. Puis je suis revenu à  ma place. C’est ainsi que ça s’est passé. Mais vous avez du me voir parce que j’ai du passer près de vous pour le prendre – je ne vois pas d’autre façon d’aller jusque-là . Puis, quand je l’ai reposé, j’ai du mettre ces autres livres dessus. Du moins, je ne pense pas que quelqu’un d’autre l’ait fait, puisque je ne me souviens pas qu’il y ait eu quelqu’un d’autre de ce coté de la pièce – mais je n’ai pas fait attention à  grand-chose, je pense, parce que, bien que je sache que j’ai regardé attentivement ce livre et que je l’ai ouvert, je n’en connais ni l’auteur ni le titre – probablement de la fiction rien qu’à  le voir. De toute façon, c’est bizarre – probablement une impulsion sur le coup et ça ne veut rien dire. De quoi étions-nous en train de parler? ?” »

Pattern Interrupt : interrompre la séquence d’automatisme

A la suite de cette description, Erickson explique comment la création d’une interférence au moment – de préférence au début – de l’exécution de l’acte programmé crée un état de confusion et d’attente hypnotique en tous points semblable à  une transe somnambulique induite de façon habituelle. En clair, pendant que le sujet exécute la tâche programmé, et qu’il est donc dans une transe active, si on l’interrompt, où qu’on change un élément qui l’empêche de continuer, où qu’on l’interpelle, il se retrouve dans une transe somnambulique d’excellente qualité qu’on peut? étendre et utiliser de façon particulièrement intéressante, par exemple pour un travail thérapeutique, ou un apprentissage.
Idéalement,? cette interférence sera? exécutée par la personne avec qui l’hypnotisé était en rapport (en lien) au moment où il a reçu la suggestion post-hypnotique et cette interférence devra empêche complètement l’exécution de la tâche afin de plonger le sujet dans une expectative abyssale de nature profondément hypnotique. Ainsi, dans le cas cité plus haut, si on retire le livre en question après qu’il a eu pour effet de déclencher l’exécution de tâche, la personne se retrouve désorientée. Durant ce laps de temps, l’hypnotiseur pourra faire preuve de toute son habileté pour établir rapidement un rapport hypnotique et ainsi mener une séance d’hypnose complète. Il peut faire développer au sujet la plupart voire tous les phénomènes de la transe profonde.
En termes modernes, on pourrait dire qu’on a programmé un pattern de comportement inconscient – ou subconscient – et qu’au moment de l’exécution de celui-ci on pratique une interruption de pattern et une récupération du leading. Erickson donne quelques exemples de façons d’interrompre ce pattern? : en supprimant un objet important pour l’exécution de la tâche, en pratiquant une catalepsie d’un ou des deux bras, en adressant une suggestion vague d’interruption du genre «Restez comme vous êtes, là  maintenant». Mais on peut encore imaginer d’autres interférences respectueuses de l’intégrité du sujet.

«Une telle interférence a généralement pour effet d’interrompre totalement les réactions du sujet qui semble alors attendre d’autres instructions, alors que son apparence et ses attitudes suggèrent un état identique à  celui de la transe profonde telle qu’elle est induite habituellement, et on peut déclencher chez lui tous les phénomènes habituels de la transe hypnotique profonde. S’il est ensuite autorisé à  reprendre l’exécution de la tâche post-hypnotique, il s’en suivra un réveil spontané en temps voulu? ; on pourra ainsi comparer directement et immédiatement le comportement en état d’éveil et le comportement hypnotique, et faire aussi la preuve de l’amnésie pour l’acte post-hypnotique, pour l’interférence, et pour les événements de l’état de transe. Par contre, si on n’utilise pas l’état particulier de réceptivité créé par l’interférence, le sujet tend à  revenir à  sa tâche post-hypnotique. Le sujet, par la suite, se comporte essentiellement comme s’il n’y avait pas eu d’interférence, mais ensuite, l’état de transe spontanée tend nettement à  persister jusqu’à  ce que la tâche post-hypnotique soit terminée.? C’est surtout vrai si l’interférence a rendu la tâche plus difficile.»

Et cette dernière remarque est d’une importance capitale. Non seulement l’interférence peut avoir comme utilité de créer une transe profonde disponible et pouvant être utilisée à  bien, mais encore, elle peut avoir pour simple fonction de gêner le sujet dans sa tâche et inciter ainsi le développement d’une transe persistante afin que le sujet «fasse abstraction totale de l’environnement et se consacre tout entier à  l’exécution de sa tâche». Cette fonction de l’interférence est l’explication du comportement de «zombie» de certains sujets en transe post-hypnotique qui rencontrent des difficultés à  combiner l’environnement et leur tâche programmée, notamment en hypnose de spectacle où l’on joue parfois volontairement sur ces interférences.
Voilà  comment on pourra vulgariser le mécanisme en jeu : le sujet doit exécuter une tâche automatiquement. C’est-à -dire que du point de vue de sa volonté consciente, il ne fait rien, il laisse faire. Mais une instance subconsciente génère le comportement automatique. Or, cette instance n’a pas besoin de s’activer beaucoup. Mais si un obstacle se présente, s’il y a un imprévu dans le scénario, l’inconscient ne pourra plus se contenter d’être une machine à  agir, mais va devoir se développer davantage, d’activer à  un niveau où il pourra résoudre le? problème et faire prevue de créativité et d’initiative pour aboutir à  une adaptation. En attendant cette solution, la personne est en attente, et du fait que son inconscient a besoin d’être plus présent, la transe hypnotique s’approfondit. A un niveau inconscient cette résolution créative de problème utilise une grande part du champ d’activité cérébrale disponible, et par conséquent, cela revient à  une transe plus profonde.

Interférences négatives? 

Par la suite, les Erickson décrivent l’utilisation des mauvaises interférences. Par exemple, dans l’expérience du livre citée plus haut, si une personne qui n’est pas en rapport hypnotique avec le sujet intervient et enlève le livre, les sujets avaient tendance à  halluciner le livre pour finir leur tâche sur un livre virtuel pris pour réel, ou bien encore d’halluciner la présence du livre déjà  à  l’endroit où eux-mêmes devaient le poser, ou d’autres explications du même type. Erickson ajoute? :

«on avait ainsi la preuve indirecte que le sujet hypnotique avait perdu le contact avec l’environnement extérieur et avait tendance à  substituer des images mémorisées aux objets réels, comportement hautement caractéristique de l’état hypnotique.»

Le rôle de l’amnésie

Puis Erickson précise la nature de la suggestion post-hypnotique et son lien de nécessité à  l’amnésie. Là  encore, je préfère le citer? :

«En cas d’absence d’amnésie pour les suggestions post-hypnotiques? : dans cette situation, il ne peut y avoir de véritable prestation post-hypnotique à  proprement parler, puisque les sujets comprennent dés le début, à  un niveau conscient de perception, les causes et les motivations sous-jacentes du comportement, et donc de l’acte. Par conséquent, la performance est de même nature que celle suggérée à  une personne dans son état d’éveil ordinaire. Dans de tels exemples, l’acte est essentiellement de nature volontaire, bien que souvent un autre élément puisse entrer en ligne de compte – c’est-à -dire le sentiment d’être poussé à  exécuter la tâche précisée, bien que les sujets semblent avoir une parfaite compréhension de la situation. Les sujets peuvent ainsi se rappeler des instructions données et être pleinement conscients de ce qu’ils ont à  faire et pourquoi ils doivent le faire, et pourtant ressentir un besoin irrésistible qui les pousse à  exécuter l’acte, avec le sentiment de n’avoir pas le choix.»

Là  encore cette remarque est essentielle pour distinguer différentes qualités de transe hypnotique et de suggestions. Lors des prestations d’hypnose pour le divertissement, bien souvent, l’hypnotiseur se contente, à  raison, de l’exécution irrépressible de l’acte demandé. Que le sujet se souvienne de ce qu’on lui a demandé et exprime une impossibilité de ne pas le faire, ou bien qu’il le fasse sans même comprendre pourquoi il le fait et sans se souvenir qu’on le lui ait demandé, la différence importe peu pour les besoins du divertissement. En réalité, certains numéros élaborés nécessitent des véritables suggestions post-hypnotiques et ne sont donc exécutés qu’avec d’excellent sujets hypnotiques ou des sujets entraînés à  l’hypnose, afin, notamment d’obtenir des hallucinations complètes, des amnésies totales, etc.
Cependant, dans d’autres contextes, il est important de bien faire la différence entre ces deux types de comportements. Dans un cas l’obéissance est consciente mais pleinement acceptée par un phénomène d’auto-conviction ou de compulsion : je sais bien qu’on m’a demandé de le faire, et je m’y sens poussé de l’intérieur, donc je vais décider volontairement de le faire en conscience. ? Dans l’autre, avec ou sans compulsion, la tâche est exécutée sans même reconnaître qu’il s’agisse de l’obéissance à  une instruction : je le fais et je n’ai pas la moindre idée de pourquoi je le fais.
En thérapie, par exemple, cette différence est capitale tant elle permet ou non au patient de s’approprier le succès de son action.
Afin d’obtenir des suggestions post-hypnotiques réelles, on s’assurera d’abord de la capacité du sujet à  développer des amnésies quant aux transes hypnotiques, notamment en approfondissant dûment les états induits.

La simulation

Pourtant, je pense qu’il est inexact de dire comme Erickson le fait que le type auto-complaisant de suggestions post-hypnotiques n’en est pas réellement un. Une autre stratégie que l’amnésie se met en place pour parvenir au même résultat? : l’exécution de la tâche. La compulsion, bien qu’elle puisse coexister avec le souvenir des instructions dans une dissociation caractéristique des états moyens d’hypnose, tient lieu de phénomène inconscient purement post-hypnotique. La difficulté tient au fait que, par complaisance à  l’égard de l’hypnotiseur, les sujets peuvent alors simuler la compulsion, voire s’en convaincre sans réellement être sous son empire. C’est le grand problème de crédibilité de certains numéros de spectacle ou certaines démonstrations scientifiques qui ne reposent pas sur un test probant du caractère hypnotique de la prestation. Heureusement, le réalisme des réactions et leur aspect «réflexe» ainsi que des latences mentales significatives et un certain littéralisme permettent de reconnaître un comportement hypnotique d’une simulation même chez un sujet ne développant pas d’amnésie totale entre les états.

5 qualités? de réponses? 

En fait, on peut aller plus loin que l’article des Erickson et évoquer au? moins cinq? qualités de réponses, si ce n’est plus :

  1. la réponse simulée, de nature pleinement consciente : je me souviens qu’on m’a demandé de le faire, et je décide de le faire pour faire plaisir à  l’hypnotiseur ou pour ne pas lui faire perdre la face.
  2. la réponse compulsive : je me souviens qu’on m’a demandé de le faire, et j’aimerai y résister, mais c’est plus fort que moi, et je finis par décider de le faire pour être tranquille. L’action est volontaire, mais l’obsession ou la compulsion qui m’y pousse, je la subis totalement.
  3. la réponse dissociée? : je me souviens ou non qu’on m’a demandé de le faire, et je me trouve dépossédé de moi-même, spectateur d’un corps qui agit involontairement, sans que je puisse vraiment intervenir.
  4. la réponse inconsciente /somnambulique : pleinement automatisée et accompagnée d’une parfaite amnésie des instructions. C’est une des meilleure qualité possible de prestation post-hypnotique : je fais pleinement l’anion, mais dans un état second, sans savoir pourquoi je le fais, et le plus souvent, sans m’en souvenir ensuite.
  5. la réponse intégrée /appropriée : probablement l’accomplissement le plus parfait de la suggestion post-hypnotique, j’accomplis ce qui m’a été demandé, sans être en transe, et en m’inventant une excellente raison de le faire. Si bien que si on me demande pourquoi je le fais, bien que je ne me souvienne pas qu’on me l’a demandé en transe, j’aurais une réponse solide pour justifier mon action. Ce mode n’est valable que pour des prestations justifiables, acceptables, que je suis capable d’assumer, en accord avec mon identité, et qui ne sont pas farfelues. En thérapie, c’est ce type là  qui est visé. Ce type de réponse? sort du cadre de l’expérience purement hypnotique? et ne permet pas l’induction du somnambulisme tel que décrit dans cet article.

En réalité, c’est beaucoup plus complexe puisqu’il y encore les cas où, par «état-dépendance», le souvenir de l’instruction revient avec la transe spontanée qui accompagne le début de la prestation post-hypnotique, et encore d’autres cas particuliers qu’Erickson évoque plus loin. Toutefois, c’est sûrement sur la base de ces différents? types de réponse qu’on peut juger de la profondeur de la transe induite au moment où les instructions ont été données? :

  • transe légère = échec de la suggestion post-hypnotique ou exécution consciente? ;
  • transe moyenne = exécution consciente mais irrépressible ;
  • transe profonde = exécution pleinement satisfaisante de la suggestion post-hypnotique avec amnésie de la suggestion.

Erickson précise par la suite que certains sujets, réticents à  exécuter la tâche demandée de façon pleinement automatique vont également développer une conscience de l’acte afin d’obéir consciemment et ainsi garder un contrôle sur la situation. Cela confirme bien entendu l’intuition que la prestation post-hypnotique ne se fait que sur la base d’une profonde acceptation et qu’aucune prestation ne pourrait se faire si le sujet estimait que celle-ci ne puisse pas être une expérience plaisante, intéressante, enrichissante et bénéfique pour lui. Il est à  noter comme nous l’avons évoqué qu’un sujet peut avoir une parfaite amnésie des instructions post-hypnotiques puis recouvrer ces souvenirs avant d’exécuter la tâche, ce qui l’entraîne soit à  réaliser ce qu’il allait faire et ne pas le faire, soit à  réaliser ce qu’il allait faire et le faire généreusement, soit à  réaliser ce qu’il allait faire et développer un sentiment de devoir le faire ou une perte de contrôle dissociée. Ou bien simplement, s’en souvenant justement parce qu’il est replongé dans ce même état où il a reçu ces instructions, il se souvient de ce qu’il doit faire et le fait simplement, puis se réveil pleinement, naturellement et spontanément à  la fin de la prestation post-hypnotique avec une nouvelle amnésie. Voilà  en gros pour la transe post-hypnotique et il y aurait encore beaucoup à  dire. Mais reste à  voir son utilité avec la deuxième partie de l’article en cliquant ici;

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