Erickson : entraînement à l’anesthésie VIDEO

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Remarque sur la traduction :

J’ai traduit « trance » par transe afin de rester dans l’usage actuel. Mais il s’agit d’un anglicisme qui frôle le « faux-ami ». En effet, le mot transe en français désigne en premier lieu des états très animés voire convulsifs comme lors de danses rituelles ou de phénomènes de possession. Le mot porte donc une connotation très spectaculaire voire effrayante. En anglais, le mot « trance » désigne aussi ce type d’état mais également et avant tout l’état d’une personne absorbée, hébétée, subjuguée qui reste bouche bée devant un beau spectacle par exemple, d’une personne choquée, voire de quelqu’un d’hagard, d’absent, ou quasiment endormi, ou encore l’action minimaliste et presque molle d’un somnambule. C’est dans ce sens très calme se rapportant à  la transe stuporeuse que le mot « trance » est employé dans le langage courant et par Erickson l’emploie en général avec cette idée.

En bref, en français, transe désigne surtout des états d’excitation tandis qu’ en anglais, « trance » désigne surtout des états d’inhibition.

Une traduction juste serait « hypnose », « stupeur », « état d’absoption mentale extreme », voire « catalepsie » en fonction des contextes. Mais l’usage depuis quelques décennies est de privilégier la ressemblance et de traduire « trance » par transe quitte à  risquer le contre-sens.


Avant de commencer

Ce film court prête à  une exégèse très détaillée tant il est dense et regorge de détails techniques et stratégiques subtiles et très intéressants. J’invite chacun d’entre vous à  se munir d’un stylo, d’un cahier, et à  prendre le film phrase par phrase et dans son ensemble pour l’étudier scrupuleusement. Vous avez même tout intérêt à  faire cela avant de lire l’analyse que je vais vous proposer maintenant. Je vais tenter d’extraire les grandes lignes de cette démonstration, tout en soulignant certains détails et en commentants certains choix, mais je laisserai volontairement et involontairement beaucoup de choses de coté.

Je précise pour lecteurs les plus avertis que mon analyse ne prétend ni à  l’exhaustivité ni à  la vérité. Je partage simplement quelques clefs de lecture tout-à -fait personnelle. Et je serai ravi de lire vos commentaires et vos avis dans la section consacrée.

Voilà  comment je vous propose de procéder : on fait d’abord une analyse générale de la structure de la démonstration, puis, pour les plus courageux, je décortiquerai un peu plus dans le détail le texte en citant chaque passage pas-à -pas.

STRATEGIE GENERALE

La trame : une anesthésie cachée

Il ressort de cette démonstration que l’objectif principal de ces séances est d’apprendre au sujet l’anesthésie hypnotique et de lui permettre de l’utiliser dans diverses occasions futures. Peut-être y a-t-il d’ailleurs une opération précise de programmée.

Or, une chose peut surprendre, on ne le voit pas suggérer directement d’anesthésie, ni tester ce phénomène hypnotique. D’abord précisons que le montage de film disponible semble nous priver de pas mal de matière, surtout des phases très longues de silence et d’attente ainsi que des phases d’installation et des considérations techniques probablement coupées au montage. Mais il est possible que des passages importants de la séance manquent également.

Rien à  prouver

à€ vrai dire, nul besoin de tester l’anesthésie durant cette séance de préparation à  l’anestéhsie pour plusieurs raisons :

  • il s’agit d’anesthésie programmée. Erickson n’est jamais présent lors de l’opération pour divertir le patient avec des métaphores touristiques. Non, il procède d’une manière bien plus intéressante : il prépare les sujets à  l’anesthésie en cabinet, en tête à  tête, et « programme leur cerveau » pour qu’il développe cette anesthésie hypnotique au bon moment pour l’opération. Or, cela laisse beaucoup de temps à  la suggestion pour faire son chemin et se préparer, et elle s’avère en général très puissante quand arrive le jour J. Durant la séance, Erickson n’a pas besoin de l’anesthésie, il a juste besoin d’un état assez profond pour programmer des suggestions post-hypnotiques puissantes.
  • En réalité, il a bien obtenu une anesthésie durant la séance : et notamment via la suggestion d’endormissement et le fait de la rendre spectatrice de son corps. Et si le bras reste en l’air sans qu’elle s’en plaigne, c’est qu’elle ne ressent aucun effort. Elle ne ressent pas les sensations des muscles contractés. Des tas de phénomènes dans ce qui est fait, et notamment la pseudo-paralysie nécessitent et supposent une anesthésie (au moins partielle, hypoesthésie). Erickson n’a pas besoin de l’expliciter pour savoir qu’elle est présente.
  • Via la suggestion de sommeil et les suggestions d’obéissance à  ses instructions, il obtient très probablement une anesthésie auditive sélective, c’est-à -dire qu’elle n’entend plus aucun son mise à  part la voix d’Erickson lui-même. Ce phénomène très clair et précis est nommé par Erickson le rapport hypnotique. C’est un classique en hypnose, le fameux « vous n’entendrez plus que ma voix ». Or, si il y a une anesthésie auditive (surdité hypnotique sélective), alors il peut y avoir facilement une anesthésie tactile ou une analgésie.
  • Erickson développe chez la jeune femme toute une série de phénomènes qui sont de même nature que l’anesthésie comme nous allons le voir plus bas. Ainsi, il procède par « a fortiori » : il donne l’impression de ne pas s’intéresser à  l’anesthésie, mais en réalité, si elle développe facilement de l’amnésie, si elle développe facilement une pseudo-paralysie par contracture, si elle développe de la catalepsie hypnotique à  bon niveau, et si elle développe très bien de la suggestion post-hypnotique, alors il est quasiment assuré qu’elle développera une anesthésie post-hypnotique. Cela peut sembler incompréhensible aux néophytes, mais les hypnotistes expérimentés savent bien qu’il existe en quelque sorte des niveaux de phénomènes et que lorsqu’on obtient celui-ci, il y a de très grandes chances d’obtenir celui-là . C’est qu’en réalité, ils relèvent du même mécanisme, de la même nature.Pour donner un exemple, Erickson disait qu’il préparait les femmes à  l’accouchement en leur apprenant l’écriture automatique. C’est que l’écriture automatique demande de l’anesthésie, de la dissociation, mais aussi de l’automatisme, du travail automatique, mais avec une grande présence, une grande attention à  ce qui se fait et une grande curiosité. Bref, si une femme apprend à  parfaitement pratiquer l’écriture automatique, elle pourra facilement transférer cette compétence à  l’accouchement sans douleur qui demande les mêmes caractéristiques. Mais pendant l’entraînement, on a enlevé une énorme pression en s’attaquant au problème par le côté, en dédramatisant par une approche indirecte. Evitant le stress lié à  la perspective de l’accouchement ou au thème de la douleur, il contourne habilement une résistance possible à  l’hypnose. C’est cela aussi le travail indirect sur le mécanisme de la suggestion que préconise Erickson.

La chaîne : liste des suggestions succesives

En suivant le déroulé de la vidéo phase par phase

SEQUENCE 1 :

Amorce de dissociation, « Imaginer l’hypnose » : Erickson invite la jeune femme à  se souvenir de sa dernière transe, ou à  en imaginer une, et à  imaginer comme c’est plaisant à  voir de l’extérieur. Il l’inviter donc à  s’imaginer entrer en transe hypnose.

Catalepsie : Erickson invite le bras de la jeune femme à  s’élever, et invite la jeune femme elle-même à  regarder le bras monter. La main est maintenant immobile et la jeune femme, distraite, oublie de la laisser retomber : c’est la catalepsie naturelle, par distraction. Erickson consolide cette catalepsie pour que la main reste en l’air même si la jeune femme met son attention dessus : ça devient une catalepsie hypnotique.

Fermeture des yeux : sans lien intrinsèque avec l’hypnose, la fermeture des yeux est quand même bien appropriée à  la suggestion suivante de sommeil hypnotique.

Sommeil hypnotique : Erickson invite la jeune femme à  s’endormir assez profondément pour endurer une opération. Une imitation du sommeil, même très partielle du fait d’un contexte qui ne permet pas une imitation complète, aboutit à  un état général qu’on nomme sommeil hypnotique. Il peut être plus ou moins profond, en fonction du temps qu’on lui laisse pour devenir une imitation plus réaliste du sommeil physiologique nocture, mais ce n’est pas forcément le but. Le but est souvent d’obtenir l’imitation de quelques caractéristiques du sommeil nocturne (anesthésie, détente, rêverie, distorsion du temps, amnésie au réveil…). Pour autant le sommeil hypnotique n’est qu’une suggestion hypnotique, un phénomène, et n’est pas de même nature que le sommeil physiologique.

Anesthésie : en lui demandant de développer un sommeil suffisant pour endurer une opération, Erickson donne la direction à  chercher qui consiste à  développer une distance du corps suffisante pour ne plus le ressentir. En mettant très tôt cette suggestion, il lui permet d’avoir le temps de développer et de perfectionner cette anesthésie.

Code idéomoteur Oui/Non : Erickson installe un moyen de communiquer avec l’inconscient de la personne en transe via les mouvements du corps.

Ratification : Erickson fait éprouver à  son sujet qu’elle ne réagit déjà  plus comme d’habitude, et qu’elle est bien déjà  dans un état où son comportement et sa perception sont altérés. Il valide ses premiers pas sur le chemin de l’hypnose. C’est un « renforcement positif »

Lévitation du bras : Erickson invite la main à  monter toute seule jusqu’au visage. Cet automatisme moteur sert de levier à  la suggestion suivante de sommeil hypnotique

Sommeil hypnotique : En répétant la suggestion de s’endormir, il l’autorise enfin à  accéder à  la demande précédente de sommeil hypnotique mais retardée par la conversation sur le « oui de la tête ». Annoncer la suggestion mais la retarder permet de laisser monter un désir intérieur, en l’occurrence le désir de s’endormir profondément. Ainsi, quand il le propose à  nouveau, la jeune femme saute sur la suggestion et s’endort d’autant plus vite et profondément. C’est le mécanisme du fractionnement où la suggestion est offert à  son développement en plusieurs séquences interrompues, et qui constitue une méthode classique et très efficace d’approfondissement rapide de l’hypnose.

Appropriation : Erickson suggère à  la jeune femme que c’est elle qui fait le travail et pas lui. Il insiste ensuite à  plusieurs reprise sur cette suggestion.

Ouverture des yeux et pseudo-réveil : le réveil est suggéré par le « salut », mais on ne voit pas réellement de suggestions de réveil sur le montage du film, et rien ne permet de s’assurer que le sujet est réveillé entre les deux séquences, car on peut avoir les yeux ouverts et parler en étant profondément en hypnose, comme on le voit par ailleurs dans ce film.


SEQUENCE 2 :

Constat négatif : Erickson pointe et faite pointer à  la jeune femme son incompétence ou en l’occurrence ici son ignorance, son incapacité à  répondre à  sa question. Ainsi, il rebondit sur ce constat négatif pour lui offrir une solution. Cette solution passe par le fait d’entrer en hypnose. Ainsi, la curiosité de la jeune femme est convertie en désir d’obtenir la réponse, qui devient un désir d’entrer en transe pour obtenir la réponse.

Amorce de dissociation : Erickson invite la jeune femme à  sortir d’elle pour s’observer entrer en hypnose, via le fait de surveiller la fermeture de ses propres yeux.

Code idéomoteur : Erickson demande à  l’inconscient de dire si oui ou non elle a été en hypnose, et il propose comme convention que le oui soit une fermeture des paupières.

Lévitation du bras (pure) : Erickson obtient une lévitation du bras à  partir de la position de repos qui se déroule rapidement et avec fluidité parce qu’il lui demande d’ « obéir », ce qui, dans un bon état hypnotique ne revient pas à  un acte volontaire mais à  un automatisme moteur somnambulique.

Pseudo-paralysie du bras : en la mettant au défi de rabaisser son bras, ce qu’il suggère comme impossible, Erickson provoque chez la jeune femme une confusion kinesthésique (musculaire) qui ne sait plus comment faire pour abaisser son bras, se trompant d’effort, ce qui donne une impression de paralysie contractée.

Amnésie post-hypnotique : Erickson propose à  la jeune femme de développer à  son réveil une certitude illusoire de ne pas être capable d’être hypnotisée, ce qui suppose qu’elle développe également une amnésie de tous ses hypnoses précédentes qui contredisent cette conviction.


SEQUENCE 3 :

Réinduction par catalepsie et fermeture des yeux: en remettant le bras de la jeune femme dans un maintien cataleptique dissocié (c’est-à -dire qu’elle peut observer sans rompre), Erickson s’assure qu’elle redéveloppe une hypnose légère qu’il approfondit ensuite en lui faisant fermer les yeux (ce qui a été associé au sommeil hypnotique dans les hypnoses précédentes et donc permet de réactiver rapidement cet état.

Suggestion post-hypnotique : Dans un style très permissif et allusif, Erickson suggère à  la jeune femme que ce calme (immbolité), ce sommeil hypnotique (et par conséquence la distance du corps et l’anesthésie), elle pourra les retrouver facilement en cas d’opération chirurgicale en grâce à  la catalepsie du bras et la fermeture des yeux, ou autrement.

Appropriation : par la différence entre l’hypnose de spectacle où tout le mérite semble revenir à  l’hypnotiseur, Erickson lui explique tout le mérite lui revient à  elle, ce qui lui permet d’être fière de ce qu’elle accomplit, et de s’approprier le changement pour le conserver en elle et le faire évoluer au long terme. Il la complimente afin d’augmenter un renforcement positif qui ancre le changement très solidement en elle. Ce n’est plus une expérience étrange qu’on lui fait faire et qui ne lui ressemble pas, c’est désormais une partie d’elle, sa propre compétence, son succès personnel.

Suggestion post-hypnotique : dans un style plus directe, explicite et détaillé, mais toujour en exprimant un souhait de sa part et non pas une vérité ou un ordre, Erickson associe les possibles besoins futurs d’anesthésie (accouchement, soins dentaires, opération), avec la résurgence de l’état hypnotique anesthésique

Généralisation post-hypnotique : Erickson propose que cette compétence reste non seulement valable pour ces expériences possibles, mais qu’elle reste disponible tout sa vie durant.

Amnésie post-hypnotique : Erickson offre la possibilité, sans l’imposer, qu’elle oublie même cette expérience d’hypnose

Appropriation : via l’amnésie de l’hypnose et donc du rôle qu’il a joué, il l’encourage à  se souvenir surtout que c’est elle qui a appris à  se couper du corps pour ne plus le ressentir et ne plus ressentir la douleur. Encore une fois, si elle se voit comme l’auteur principal ou unique du changement, elle en tire une satisfaction personnelle (fierté, plaisir, joie…) et intègre le changement plus durablement.

Réveil : cette fois il lui suggère de se réveiller complètement, ce qui signifie sortir pour de bon de l’hypnose, et non pas demeurer entre deux eaux en attendant d’y retourner.

COMMENTAIRE PAS A PAS

Maintenant que nous avons fait une simple liste des différentes étapes générales de la démonstration, je vous propose que nous zoomions sur les différentes segments pour en dire un peu plus long.

Séquence 1

Chantage social, politesse et séduction

La toute première entrée en matière d’Erickson illustre parfaitement son style qui allie simultanéement une apparente gentillesse, une douceur rassurante et quasi infantilisante, et à  la fois une densité suggestive très directive et sans aucune hésitation. Dans les faits, il ne perd pas de temps et installe très rapidement les premiers phénomènes hypnotiques qui construisent l’expérience de la transe. Et pourtant, en apparence, il semble ne pas la presser, prendre le temps de papoter un peu, de lui expliquer ce qui va se passer, de la rassurer, à  la limite d’une forme de séduction mielleuse qu’on lui connait.

Dites-moi, avez-vous déjà  été dans une transe hypnotique auparavant ?

En avez-vous déjà  vu une ?

  • non
  • Est-ce que vous savez comment c’est d’entrer dans une transe hypnotique ?
  • Non
  • Savez-vous que vous devrez faire tout le travail ?
  • Non
  • Et que je reste simplement assis et prends plaisir à  vous regarder travailler
  • Non, je ne savais pas
  • Vous ne saviez pas cela ?
  • Non
  • Et bien, je vais véritablement prendre plaisir à  vous regarder travailler…

Si la première phrase permet de savoir si la jeune femme a déjà  fait de l’hypnose pour éventuellement s’appuyer sur son expérience passée, elle contient également les informations suivantes : de toute façon, que ce soit ou non votre première fois, vous allez entrer en transe hypnotique sous peu.

Le fait de poser la question suppose aussi qu’une fois vécue une transe hypnotique, on peut s’en souvenir (sinon, inutile de le lui demander), mais que cela reste quelque chose de personnel qui ne se voit pas sur le visage, et que même un expert ne peut pas deviner (sinon, inutile de le lui demander).

Poser la question, c’est montrer d’emblée une volonté de collaborer, de construire l’hypnose ensemble, main dans la main. Tout cela est de nature à  la rassurer et à  lui offrir la possibilité de résister et de mentir. Et si elle y a droit, elle a beaucoup moins de chance de le faire.

Si Erickson a plaisir a la regarder, c’est qu’il s’agit d’une expérience plaisante. Mais Erickson joue ici sur la politesse visible de la jeune femme et active une motivation sociale : il insiste sur le plaisir qu’il aura à  la regarder entrer en transe, et cela signifie que ne pas y entrer, c’est lui ôter cette joie, le décevoir profondément. Or, elle ne voudrait probablement pas le priver de ce plaisir.

Erickson joue souvent sur le fait que les patients accèdent à  sa demande, qu’il répondent hypnotiquement pour lui faire plaisir. Il formule notamment une très grand partie de ses suggestions ainsi : « I would like you to… », (« J’aimerais que vous… »), ou une formule équivalente qui engage son attente, et menace indirectement le patient d’être déçu de lui et mécontent en cas de résistance. Or, pour la plupart des personnes, surtout volontaires pour une démonstration filmée, l’envie de ne pas décevoir, d’être un « bon élève » qui satisfait son professeur, est un levier social et personnel très puissant pour l’entrée en hypnose.

Erickson est donc à  la fois gentil et prévenant, et pressant, jouant sur son propre plaisir à  la limite du chantage affectif. Il n’a pas l’intention de perdre du temps et mettra tout en Å“uvre pour obtenir des réponses rapides.

Et en effet, on voit qu’il entre très rapidement dans la matière technique de l’induction des phénomènes propres à  la transe hypnotique, à  commencer par la dissociation corporelle. En insistant sur le plaisir qu’il prendrait à  la regarder travailler à  sa propre hypnose, Erickson la pousse à  s’imaginer ce qu’il pourrait bien y avoir de plaisant à  cela, et donc à  se regarder elle-même comme de l’extérieur pour imaginer à  quoi on pourra constater son hypnose. Et ceci est en soi une invitation discrète et très efficace à  construire sa propre hypnose. D’autant que, dés les premières phrases, il lui fait comprendre que « voir une hypnose » peut avoir valeur d’expérience, et il l’amène à  imaginer ça peut être que d’entrer dans une transe hypnotique. Il mobilise donc son imagination pour construire l’hypnose.

Quant au « Vous devrez faire tout le travail », il parle de lui-même, et nous y reviendrons plus tard. Mais disons juste pour l’instant, qu’il va également dans le sens d’utiliser le « complexe du bon élève ». Erickson soupçonne-t-il que la jeune femme rentre dans ce profil type ?

Sommeil et dissociation

Et la première chose que je vais faire, c’est ceci : je vais me saisir de votre main comme ceci et elle peut monter comme cela afin que vous puissiez la regarder… Et fermez vos yeux… et endormez-vous très profondément… si profondément endormie… si profondément endormie que vous pourriez endurer une opération et que n’importe quoi de justifié puisse vous arriver.

Son introduction un peu insistante lui donne l’occasion d’observer de tous premiers indices d’une coopération pour l’entrée en hypnose. Bien plus qu’il n’en faut pour s’autoriser à  quitter le mode allusif et donner des instructions plus directes. Que lui demande-t-il ? De se mettre en position de spectatrice de son propre corps (en l’occurrence la main) et de ses propres mouvements (en l’occurrence la main qui monte). Il lui avait promis de faire tout le travail, mais finalement, soulagement, elle n’a rien d’autre à  faire qu’observer et laisser les choses se faire toutes seules. Ici, la personne n’est plus le sujet de l’action, on lui demande plus de faire les choses, mais de les regarder se faire.

Cette position dite « dissociée », déjà  amorcée, comme nous l’avons dit, par l’idée qu’il puisse être plaisant de la voir travailler, est elle-même une excellente façon d’installer un début d’hypnose. Sortir de soi pour se regarder de l’extérieur, devenir spectateur de soi-même c’est une façon classique pour Erickson de créer une hypnose légère. Mais l’approfondissement de l’hypnose passera, nous le verrons, par le fait de remettre la personne en position d’actrice de l’expérience hypnotique, à  la première personne, non plus dissociée mais réellement associée à  elle-même en hypnose.

Avant cela, Erickson utilise la méthode la plus classique, la plus ancienne, et probablement la plus efficace d’approfondissement de l’hypnose : la suggestion de sommeil. Il lui propose de s’endormir, et lui donne une indication très précise de la profondeur à  atteindre : assez pour endurer une opération. Ce n’est pas rien ! Me direz-vous, elle ne semble pas dormir très profondément. C’est vrai, et c’est tout le paradoxe de la suggestion hypnotique de sommeil. Ce n’est pas du sommeil physiologique, comme le sommeil nocturne. C’est une imitation de certaines dimensions du sommeil. Si on laisse beaucoup de temps à  la personne, son imitation sera si précise qu’elle peut réellement finir par s’endormir. Mais si on lui laisse trop peu de temps, elle ne développera que quelques distorsions psychologiques propres au sommeil. C’est pourquoi l’on a longtemps parlé de « sommeil partiel » pour désigner cette forme d’hypnose. Et en l’occurrence, la propriété du sommeil qu’Erickson souhaite qu’elle développe, c’est l’anesthésie. En effet, lorsqu’on dort, on ne ressent plus les frottements des draps, la température de la pièce, on n’entend plus les sons du voisinage, on ne prête plus attention à  rien qui vienne du monde réel, extérieur. On est parfaitement anesthésié, et le plus naturellement du monde.

Un état général et solide de catalepsie

Et maintenant, je vais vous surprendre un petit peu mais c’est normal. Je vais faire très attention. (il saisit la cheville de la fille et décroise ses jambes) … et êtes-vous confortable ?

  • Oui

Habile, n’est-ce pas ? Pour consolider la catalepsie du bras, Erickson détourne l’attention de la jeune femme vers les jambes. Elles sont croisées et Erickson en fait un véritable problème qu’il doit régler. Un problème délicat puisque ça nécessite qu’il « fasse très attention ». Puis il lui demande si elle se sent confortable. Par un effet de « priming », elle tend à  répondre que oui elle se sent confortable avec les jambes décroisées. Mais se faisant, son « oui » s’applique à  tout son corps, et elle vient de se piéger elle-même en affirmant qu’elle est confortable maintenant, en l’état, en général, c’est-à -dire, avec le bras en l’air. Ainsi, elle a elle-même consolidé sa catalepsie en la déclarant confortable.

Erickson aurait pu lui dicter « Vous allez vous sentir aussi confortable avec ce bras en l’air que s’il reposait sur votre giron ». Alors, elle aurait probablement développé cette distorsion de sa perception pour se sentir confortable. Il lui aurait suggéré explicitement, directement l’impression de confort au niveau du bras, et elle l’aurait développé. Mais il fait mieux ici, il s’y prend indirectement, sans évoquer le bras, pour que ce soit elle qui se retrouve à  provoquer son confort dans le bras. C’est un exemple parmi tant de la suggestion indirecte caractéristique du style d’Erickson.

Un état altéré

Et pouvez-vous faire de nouveau un oui de la tête ? Et savez-vous comment une personne ordinaire hoche la tête pour dire oui ? En réalité, vous ne savez pas, mais ils hochent la tête de cette façon Et vous la hochez de cette façon. Et vous ne savez pas de quoi je parle, mais c’est très bien…

Il s’agit ici pour Erickson de montrer à  la jeune femme que les choses se passent en elle déjà  autrement qu’à  l’état ordinaire. Ainsi, il lui montre les premiers signes par lesquels elle peut reconnaître qu’elle est bien en train d’entrer en hypnose. Elle pourrait se croire « résistante » faute de savoir quoi observer, et en lui montrant quelques premiers indices, il la rassure sur le fait que le processus est bien en cours. Cette façon de valider les signes de l’hypnose est parfois appelée « ratification ».

Pourtant, il y a bien plus évident à  lui faire remarquer : son bras en catalepsie. Mais non, les suggestions directes pourront porter sur d’autres aspects, mais la catalepsie doit être renforcée par des suggestions discrètes qui n’amènent pas l’attention sur le bras. En effet, si elle pense trop tôt à  son bras en l’air, alors que son hypnose n’est pas assez profonde, et que le bras n’est pas assez rigide, elle risque de vouloir vérifier prématurément si elle peut encore le bouger et tout casser en le bougeant.

Evidemment, on peut ajouter que Erickson stimule un mouvement automatique de la tête pour faire « oui » ou « non » afin d’obtenir par la suite des réponses directes et inconscientes à  ses questions, par de simples mouvements spontanés de la tête, ce qu’on nomme parfois « signaling »

Leviers et dominos

  • et maintenant votre main va monter jusqu’à  votre visage. Et quand elle touche votre visage, vous prenez une grande inspiration et vous vous endormez très profondément.

Retour à  des suggestions explicites, directes, simples. Encore une fois, il n’est pas question de l’immobilité du bras. Or, une catalepsie du bras qui n’est pas utilisée risque fort de retomber dés que l’attention reviendra dessus. Il faut donc rapidement donner une nouvelle mission à  ce bras et qui contient implicitement une idée de dissociation : que la main monte toute seule.

En gros, c’est une façon de dire « restez spectatrice du bras, n’en reprenez pas le contrôle, observez le comme quelque chose d’extérieur à  vous, qui se meut de lui-même en obéissant à  mes consignes ». Mais c’est plus dense, plus directe, moins explicatif dans la bouche d’Erickson.

Erickson installe également une série de suggestions interdépendantes. Une fois la première terminée, la seconde se déclenche. Une fois la seconde terminée, la troisième se déclenche.

Dans mes cours, j’ai baptisé cette méthode « la technique des dominos » en référence à  ces alignements de dominos : on donne juste une pichenette sur le premier et chacun fait tomber le suivant.

Ici, on a :

La main monte

=> elle touche le visage

=> vous prenez une grande inspiration

=> vous vous endormez profondément.

Ainsi, un mouvement automatique devient un levier pour créer un endormissement hypnotique, alors que l’un et l’autre n’ont pas de lien apparent. Il crée un lien de cause à  effet. L’un déclenche l’autre.

On pourrait également parler de suggestion indirecte dans un autre sens du terme : la suggestion d’endormissement n’est pas déclenchée directement, mais en plusieurs bandes, par le biais d’une chaine causale qui retarde le moment de la déclencher et le prépare.

à€ noter également que Erickson, après avoir interrompu l’endormissement par diverses suggestions qui ne vont pas trop dans le sens du sommeil hypnotique (catalepsie, lévitation, etc…), redonne l’instruction de s’endormir. Il ré-injecte une dose de cette « hyper-suggestion » qu’est le sommeil. C’est pour ainsi dire le charbon dans la locomotive d’une expérience hypnotique. Et ce fractionnement, c’est-à -dire cette alternance entre des dérangements, des phases dynamiques et des invitations au repos voire au sommeil est aussi caractéristique du style d’Erickson mais hérité d’une longue tradition.

Petit détournement

Et vous ne saviez pas vraiment que c’était si facile, n’est-ce pas ?

  • Et c’est si éloigné de l’hypnose de spectacle m’as-tu-vu, n’est-ce pas ? Parce que vous réalisez que, en réalité, c’est vous qui le faites. Et vous le savez, n’est-ce pas ? … Maintenant, je vais vous demander d’ouvrir les yeux. Salut !

Erickson détourne rapidement l’attention par une question anodine. Cette question contient le présupposé que tout cela est très facile, mais aussi, par le fait même d’attirer l’attention du conscient, et donc de l’empêcher de scruter les réponses attendues, cette question facilite l’automatisme et également l’amnésie. En effet, quand quelque chose doit se faire « tout seul », l’attention du sujet en position de spectateur peut ralentir voire bloquer la réponse. Et c’est souvent au moment où on y pense le moins que la suggestion demandée s’exécute.


Séquence 2

Ne pas savoir, ne pas se souvenir

  • Avez-vous été en transe ?
  • Je ne sais pas
  • Vous ne savez pas ? Vous ne savez vraiment pas ? Et bien, je vais vous expliquer comment le découvrir.

C’est un ressort qu’Erickson utilise très souvent : amener la personne a exprimer son impuissance son ignorance ou son incompétence sur quelque chose, et lui propose de découvrir « comment faire », avant de finalement lui administrer une suggestion, le plus souvent directe. Vous ne savez pas ? Et bien je vais vous montrer comment le savoir. Vous ne savez pas faire ? Et bien je vais vous montrer comment l’apprendre. Le « constat négatitf » ne sert pas à  diminuer l’autre, mais à  créer une motivation pour la suite, à  éveiller sa curiosité, son désir.

Mais ce qui est frappant, c’est l’amnésie que la jeune femme semble avoir sur sa première séquence de transe hypnotique. Cette amnésie peut être spontanée, ou répondre à  une suggestion directe qui se serait perdue au montage du film. Le simple fait qu’Erickson lui dise « Bonjour » à  la fin de l’hypnose comme si elle venait juste de commencer, ajoutée au caractère informel et conversationnel de la façon dont il a démarré la première hypnose, suffit à  expliquer la possibilité de cette amnésie chez cette jeune femme.

Mais elle n’est pas catégorique. Elle qui n’avait jamais été hypnotisée auparavant, elle répond ici : « je ne sais pas ». Elle ne dit pas « non, je n’ai jamais été hypnotisée ».

On pourrait également imaginer qu’elle se souvient plutôt bien d’une grande partie de la séquence précédente, mais qu’elle doute encore que ce qu’elle a vécu corresponde à  de l’hypnose. Seulement la suite, et sa réaction non verbale, semblent plutôt nous amener à  penser qu’elle est confuse et n’a plus un souvenir très clair de sa première transe.

Sortir de soi

  • Surveillez* (jeu de mot avec regardez) vos paupières pour voir si elles commencent à  se fermer se vous. Et comme elle commencent à  se fermer sur vous, ça voudra dire que vous avez été en transe… et elles descendent… c’est très bien… elles descendent… elles descendent. Très bien. Complètement maintenant… complètement… complètement et elles restent fermées.

A nouveau, l’induction de l’hypnose procède d’abord par un effet de dissociation : Erickson invite indirectement la jeune femme à  sortir d’elle-même mentalement pour s’observer d’un point de vue extérieur. En effet, pour « regarder » ses propres yeux, il faut imaginer son visage, et c’est déjà  entrer dans l’usage de l’imagination, mais encore imaginer sa propre entrée en hypnose. On retrouve bien la même amorce que dans la séquence 1 mais dans un exemple différent.

Erickson conditionne l’exécution de cette suggestion avec la « preuve » de l’hypnose précédente. C’est un cas particulier de « signaling », c’est-à -dire de communication directe avec l’inconscient via un code, une convention motrice. En gros, c’est comme s’il avait dit : « Pour savoir si vous avez été en transe tout-à -l’heure, on va le demander à  votre inconscient, et il va nous répondre de la façon suivante : si les paupières restent ouvertes, c’est que vous n’y étiez pas, et si elles se ferment, c’est que vous étiez » Mais évidemment, c’est tout le talent d’Erickson d’être dense et concis.

Il y a autre chose. Lorsqu’on sort un peu trop rapidement d’hypnose profonde, on tend à  faire une amnésie sur ce qu’on y a vécu. Mais si on retourne dans le même état, c’est-à -dire si on replonge dans l’hypnose, on y retrouve tous les souvenirs qu’on y avait laissés et on peut se repasser le film de ses dernières hypnoses. Par conséquent, ce n’est pas seulement le fait que les paupières se ferment qui confirme l’hypnose, mais c’est le fait que la personne rentre à  nouveau en transe hypnotique, et par conséquent pourra se souvenir de sa dernière hypnose et lever son doute.

Précisons quelque chose sur la fermeture des paupières : on peut être en hypnose profonde les yeux fermés ou ouverts. à‡a n’a aucun lien. Si une personne ouvre les yeux durant une hypnose, elle ne s’est pas pour autant réveillée. Au contraire, c’est parfois un état encore plus profond. Et certains sujets préfèrent garder les yeux ouverts durant toute l’hypnose pour que ce soit plus profond. Et si l’on dit à  quelqu’un « Ferme tes yeux », dans la grande majorité des cas, ça ne suffit pas du tout pour qu’il soit en hypnose. Ici, ce qui est hypnotique, c’est la dissociation, c’est-à -dire le fait que les paupières soient invitées à  se fermer toutes seules et que la personne soit invitée à  n’être que spectatrice de ce mouvement de son corps. Mais finalement peu importe quel mouvement. Tout-à -l’heure c’était le bras qui montait tout seul, maintenant les paupières qui se ferment toutes seules. Ce sont juste des leviers pour créer de la dissociation et donc de la transe hypnotique.

Cependant, chez beaucoup de sujet, il est assez naturel que les yeux aient très envie de se fermer, surtout avec la suggestion de sommeil. Alors on peut les y autoriser pour plus de confort. Mais tout en gardant à  l’esprit que ce n’est pas cela qui fait l’hypnose.

Soyez libre !

  • Et maintenant, cette preuve vient entièrement de l’intérieur de vous, n’est-ce pas ?

Erickson insiste durant tout ce film sur la différence entre l’hypnose de spectacle d’un côté, qui donne l’impression que c’est l’hypnotiseur qui possède un pouvoir, et l’hypnose médicale de l’autre qui, en tout cas c’est le vÅ“u pieu d’Erickson, consiste à  faire faire au patient des expériences qui mettent en évidence son propre talent. S’il doit être convaincu, c’est par lui-même, en se fournissant sa propre preuve. S’il doit être impressionné, c’est par ce dont il est capable. S’il doit être reconnaissant, c’est à  lui-même, d’avoir fait tout ce travail.

Si Erickson insiste sur cette suggestion qu’on pourrait résumer ainsi « Soyez fier de vous, car tout le mérite vous revient », c’est que ça ne tombe pas sous le sens. Bien au contraire. On voit bien ici le rôle fondamental que joue Erickson, la précision de son accompagnement qui dirige très fermement l’expérience. L’inconscient du sujet réagit bien aux suggestions d’Erickson, quitte à  ne plus obéir à  la volonté du sujet lui-même (paralysie…). Et le risque est très fort de reconnaître cette autorité d’Erickson et que la jeune femme ait l’impression, ce qui est en grande partie vrai,, que c’est lui qui a fait le travail sur elle, qu’il possède un immense talent et qu’il est une personne remarquable, pas elle. Ou encore, qu’elle a de la chance qu’un homme de son envergure daigne lui accorder ce temps et cette attention.

L’hypnose donne l’impression d’un pouvoir de l’hypnotiseur sur son sujet, et il est facile de prendre goût à  l’admiration que cela pourrait susciter, et de rechercher cette valorisation narcissique en ne démentant pas ce pouvoir.

Vous me direz : et alors ? Si tout le monde y trouve son compte…. Et bien non, ça fait une grande différence. Le comportement nouvellement programmé, le changement d’attitude ou de point de vue, bref l’apprentissage qu’on a fait durant la séance d’hypnose est dans un premier temps comme quelque chose de « trop nouveau », d’extérieur à  nous, ce n’est « pas nous ». C’est comme un greffon, planté sur nous mais qui ne nous appartient pas. Or, il est fondamental d’éviter un rejet de la greffe. Pour cela, il faut que j’intègre cet élément nouveau dans mon identité, c’est-à -dire que je le reconnaissance comme faisant partie de « moi ». Et à  cette condition seulement, le changement pourra se développer dans la durée.

Certaines approches du changement en hypnothérapie consistent bel et bien à  opérer une greffe, mais qui sera rejetée dans les semaines à  venir, du fait du manque d’intégration. Pire, certaines approches consistent à  seulement fournir une prothèse… un artifice extérieur qui ne s’intègrera jamais et qui ne permet pas à  la fonction naturelle de la personne de se réparer.

Provoquer un changement sous hypnose, ce n’est pas bien compliquer. Le défi subtile d’un hypnothérapeute est en réalité est de créer la condition d’un changement durable, qui ne soit pas qu’un effet de manche pour récolter quelques lauriers non mérités.

C’est pourquoi dans cet extrait, Erickson dicte avec insistance à  la jeune femme une autre façon de percevoir ce qui est en train de se passer. Si le mérite du sujet et sa propre fierté coulaient de source, il n’aurait pas besoin d’insister autant. Il propose une « suggestion cognitive», c’est-à -dire une distorsion du jugement. Cela revient à  dire : « même si je prends un certain pouvoir sur vous pour vous guider rapidement dans une expérience forte qui consiste pour vous à  perdre un certain contrôle sur vous, je veux que vous ayez l’impression d’être l’auteur de toute cette expérience, que tout vient de vous, et que vous minimisiez mon rôle jusqu’à  oublier même que je vous ai accompagné ». (en effet, c’est ce qu’il suggère finalement).

Pourquoi fait-il cela ? Comme nous venons de le dire, ce n’est pas seulement par posture de modestie un peu coquette, mais parce qu’il est fondamemental que la patiente soit fière d’elle-même et s’attribue le changement si on veut qu’elle puisse l’adopter pleinement et l’intégrer au noyau de sa personnalité, et donc en faire un changement durable et harmonieux. (désolé pour la redondance, mais c’est probablement l’apport le plus important d’Erickson à  l’approche du changement en hypnothérapie)

En bref ici, que fait-on ? On fait travailler l’inconscient. On met de côté la personne qui, à  un niveau conscient se retrouve spectatrice, à  ne pas faire grand chose, voire à  perdre même le pouvoir de faire quoique ce soit. Mais au final, on utilise ce même pouvoir de dicter la réalité (suggestion) pour lui faire croire que c’est bien elle, consciemment, qui a tout fait et lui permettre d’en être fier.

Erickson nous présente à  travers ses nombreux travaux de multiples façons de travailler avec l’inconscient tout en donnant un rôle fort au conscient pour qu’il s’approprie le changement, en retire de la satisfaction personnelle, et le rende durable. Cette méthode est un exemple d’une des façons de procéder. Cette façon là  est sûrement une des plus basiques, et on pourrait l’appeler ainsi : la suggestion directe d’appropriation consciente. Elle n’est pas entièrement satisfaisante car l’appropriation est encore l’effet d’une obéissance à  une suggestion, mais exiger d’un esclave qu’il soit libre, c’est quand même, en le traitant une dernière fois comme un esclave, le rendre libre.

Le somnambule

Et vous pouvez parler, et vous pouvez comprendre, et vous pouvez entendre, et vous pouvez obéir à  des instructions. Par exemple, si je vous demande de lever votre bras droit, vous pouvez lever votre bras droit,

Ce qui peut sembler contredire le long prêche q’on vient de faire, c’est qu’Erickson invite le sujet à  obéir à  des instructions. En réalité, elle n’est plus capable de rien, elle est cataleptique, voire paralytique, et Erickson ici libère sa capacité d’agir consciemment, mais uniquement dans le cas où il a donné un ordre.

Il ne dit pas « vous pouvez faire ce que vous voulez », mais uniquement « vous pouvez faire ce que je vous demande ». Cela semble très autoritaire, mais en réalité, il façonne ici « à  la main » pourrait-on dire, la relation hypnotique. Il provoque une sorte d’état somnambulique docile. Or, si ces mouvements ne peuvent se faire qu’en réponse à  ses invitations et non plus par libre arbitre, il fait d’elle un pur somnambule hypnotique. C’est-à -dire qu’il la fait passer d’un état d’hypnose dissocié où c’est « son inconscient » qui obéit en faisant des mouvements à  sa place, à  un état d’hypnose associé, somnambulique, bien plus profond, où c’est directement elle-même qui obéit aux instructions d’Erickson telle un automate sans passer par le sentiment d’être spectatrice.

C’est parce qu’il opère cette manÅ“uvre d’approfondissement qu’il obtient de telles amnésies, qu’il avance rapidement vers la programmation post-hypnotique d’une anesthésie. Et d’ailleurs il révèlera la raison d’une technique aussi coercitive : faire rapide et puissant pour les besoins d’une opération. Probablement y a-t-il également la contrainte de temps du film (la pellicule de l’époque est très limitée en temps) qui l’oblige à  déployer des raccourcis pour approfondir l’hypnose et offrir une démonstration satisfaisante.

On comprend alors mieux pourquoi il surcompense cette autorité par des suggestions d’appropriation et de fierté et prend le contre-exemple de l’hypnose de spectacle pour exiger d’elle qu’elle ne le prenne pas pour son gourou.

Ne plus pouvoir

  • et il est en train de monter lentement et maintenant il s’arrête précisément ici. Et vous savez, peu importe ce que vous essayez de faire, il reste exactement ici. Maintenant, faites un vrai effort pour essayer de le baisser. C’est la première fois dans votre vie d’adulte que vous ressentez une telle difficulté à  baisser votre main, n’est-ce pas ? C’est plaisant, n’est-ce pas ? C’est intéressant, n’est-ce pas ? C’est juste.

L’induction de la suggestion de paralysie est assez claire et ne nécessite pas vraiment de commentaire, si ce n’est qu’il s’agit bien d’une fausse paralysie (pseudo-paralysie), en réalité par contracture et confusion kinesthésique : la personne se trompe de muscle pour effectuer l’action de descendre le bras.

Les phénomènes négatifs (ou suggestions négatives), connus depuis fort longtemps et notamment décrits par Bertrand dés 1823 consistent à  priver le sujet d’une capacité, à  diminuer sa liberté, par exemple : ne plus arriver à  voir quelque chose, ou à  ne rien voir, ne plus arriver à  bouger tel ou tel membre, ne plus arriver à  se souvenir d’un mot, d’un chiffre, d’un prénom, ne plus arriver à  entendre quelque chose, à  prononcer telle chose, etc…

Beaucoup de spectacles d’hypnose utilisent ces suggestions limitantes pour amoindrir le volontaire afin que le public se moque de son handicap temporaire. Mais en hypnothérapie, la privation d’une capacité est un levier très puissant et important pour certains apprentissages thérapeutiques.

Et notamment, une anesthésie consiste par nature à  « ne plus parvenir à  percevoir consciemment » une information pourtant acheminée jusqu’au cerveau depuis nos sens. Par exemple, on touche mon bras droit, mais je ne le sens pas. Mes clefs sont devant mes yeux, mais je ne les vois pas. Une musique parvient à  mes oreilles, mais je ne peux pas l’entendre…

Ce sont autant de phénomènes qu’on nomme anesthésies, ou hallucinations négatives. Toute hypnose profonde est construite autour d’un certain nombre d’anesthésies spontanées ou suggérées.

Pour préparer une personne à  une anesthésie hypnotique tactile et musculaire dans le but d’une opération chirurgicale, on peut l’entraîner au préalable à  toutes sortes d’autres anesthésies, par exemples visuelles, auditives… Mais on peut encore l’entraîner à  d’autres phénomènes hypnotiques consistant à  perdre une capacité, comme une paralysie ou une amnésie. Et c’est ce que fait Erickson ici. Il avance pas à  pas en tournant autour du pot, mais tous les phénomènes hypnotiques auxquels il entraine son sujet, tout ce qu’il fait ou dit durant la séance ou presque ont un dénominateur commun : la perte de capacité ou de perception et par conséquent, l’anesthésie au sens large. Il a un objectif en tête, et ne le perd pas de vu. Tout ce qu’il fit parle d’anesthésie, prépare l’anesthésie, apporte l’anesthésie, directement ou indirectement. Et lorsqu’il lui paralyse le bras, lorsqu’il lui ôte le souvenir de ses transes, lorsqu’il lui fait littéralement perdre le contrôle c’est parce que « qui peut le plus peut le moins et qu’il sera d’autant plus facile de lui faire accepter l’idée de se faire opérer confortablement dans l’avenir.

Ces pertes de contrôle peuvent être très bien vécues en apparence mais provoquer une angoisse chez le sujet en profondeur du fait de la perte de contrôle et de la peur de la folie. Leur utilisation insistante peut dénoter une volonté de la part de l’hypnotiseur de prendre un certain pouvoir, un ascendant sur son sujet. C’est parfois un indice pour remettre en question la posture éthique d’un hypnotiste. Mais dans bien des cas, ces phénomènes sont utiles voire précieux. Il convient donc de savoir les manier avec précaution, en désamorçant immédiatement l’angoisse potentielle par des suggestions qui présentant ce phénomène comme une expérience agréable, intéressante, et utile à  la personne qui les vit. C’est exactement ce que fait Erickson ici.

Programmer une croyance

Et maintenant, dites-moi, pensez-vous que vous croirez avait été en transe une fois que je vous aurez fait ouvrir les yeux et vous réveiller complètement ?

  • Oui
  • Bien, je voudrais que vous soyez certaine de ne pas pouvoir être hypnotisée, est-ce que ça vous convient ?
  • Certainement
  • Très bien
  • Vous savez que vous ne pouvez pas vraiment être hypnotisée. Aussitôt que vous ouvrirez les yeux, vous le saurez.

Suggestion post-hypnotique : durant l’hypnose Erickson convient avec son sujet d’une distorsion de son jugement (de sa mémoire et de sa perception) qui adviendra une fois réveillée. En réalité, si la personne est encore sous le coup d’une suggestion hypnotique, alors elle ne sera pas réellement réveillée. Elle se comportera comme si elle était réveillée mais tout en maintenant un niveau de transe hypnotique. Ici, c’est très utile puisque cela permettra de la replonger en hypnose plus profonde sur une simple invitation à  y aller. Cependant, il est bon de garder à  l’esprit qu’une personne chez qui une suggestion post-hypnotique est en train d’agir est probablement maintenue dans une forme d’hypnose, ce qui peut s’avérer très problématique. Les hypnotistes professionnels sont formés à  faire en sorte que des choses se produisent après la séance d’hypnose sans pour autant que cela empêche la personne d’être parfaitement réveillée.


Séquence 3

Dites-moi, est-ce que vous pensez que vous pouvez être hypnotisée ?

non, je ne crois pas
vraiment ?
Non
Bien, j’aimerais que vous expliquiez cette simple petite chose. Et est-ce qu’un homme étrange vous a déjà  montez la main pour la laisser comme ça dans l’air auparavant ?
Non

La jeune femme répond ici parfaitement à  sa suggestion de ne pas croire avoir jamais été hypnotisée. Précisons qu’elle ne « fait pas semblant ». Elle est réellement persuadée de ne pas pouvoir être hypnotisée, et qu’elle n’a jamais connu de catalepsie du bras. Cependant, avant qu’elle réponde « non » avec sa voix, sa tête a fait un « oui » caractéristique tel que Erickson l’avait expliqué dans la séquence 1. En effet, son inconscient se souvient très bien et répond « oui ». Cela assure à  Erickson qu’il communique bien en apparence avec la jeune femme mais en réalité, parallèlement et très discrètement, avec son inconscient.

Accélérer

Vous savez, en hypnose médicale, parfois vous voulez que le patient reste très calme et immobile pour mener une opération et faire toutes sortes de choses avec la pleine coopération du patient. Et vous savez, durant une opération, vous n’avez pas le temps d’expliquer au patient exactement ce qu’il devrait faire. Par exemple, si je vous disais de fermer vos yeux, vous les fermeriez… maintenant.

Ici, Erickson dit en substance : « Durant une opération, vous n’aurez pas le temps de faire toutes ces étapes d’apprentissage qu’on a faites ensemble, il faudra aller beaucoup plus vite, il faut répondre aux suggestions simplement et rapidement, alors nous allons apprendre maintenant à  faire tout ça beaucoup plus vite ». Trêve de position dissociée et de mise au défi, si je vous demande quelque chose, vous le faites hypnotiquement sur le champ car vous aurez besoin de savoir le faire sur le champ.
Mais les contraintes qui amènent Erickson a nous faire la démonstration de méthodes rapides et de techniques d’accélération ne l’empèchent pas de faire les choses progressivement et méthodiquement. Il n’a pas la précepitation confuse et arrogante que certains hypnotistes de spectacles peuvent avoir, et il ne met jamais à  son sujet de pression propre à  ajouter un stress ou à  développer une forme de résistance. C’est tout l’art d’aller vite en prenant le temps.

Ancrage d’anesthésie

Vous pouvez les fermerez si gentiment et les garder si gentiment fermés, et chirurgicalement, cela pourrait une des choses les plus importantes. Et l’immobilité de votre bras droit pourrait être une des choses les plus importantes chirurgicalement.

Pour qu’elle puisse retrouver cette capacité très rapidement en cas d’opération, Erickson conditionne tout cet état sur un déclencheur, un ancrage dirait-on dans le jargon moderne : la fermeture des yeux. Fermer les yeux ne provoque habituellement pas de paralysie et d’anesthésie. Mais ici Erickson lui dit indirectement : en cas de besoin, il vous suffira de fermer les yeux et d’immobiliser votre bras pour l’anesthésier en retournant en transe hypnotique.
Dés il s’agit de l’avenir, Erickson ne dit pas « ce sera ainsi », mais « ce pourra être ainsi ». Il offre une option supplémentaire, mais se garde bien de « programmer » à  l’avance le comportement d’une personne. Le but n’est pas d’être programmatif mais d’être pédagogue, d’aider la personne à  développer une compétence supplémentaire. Ce qu’elle en fera exactement ? Cela ne nous regarde par vraiment pour l’instant. Il n’y a pas une obsession que le patient ait une idée parfaitement claire et précisément déterminée de ce qui va se passer ensuite. L’impératif thérapeutique d’avoir un objectif précis est une pratique qui s’est développée après Erickson, qui ne vient pas de lui (mais plutôt des thérapies brèves), et peu compatible avec l’approche hypnotique et la confiance mise en l’inconscient et en l’avenir.

Wonderwoman

Maintenant, vous savez que l’hypnose médicale est très différente de l’hypnose de spectacle. L’hypnotiseur de spectacle bombe le torse, écarquille les yeux, et dis au public quel homme fantastique il est. Ce que j’aimerais que vous compreniez, c’est que vous, en tant que personne, êtes vraiment une personne fantastique, capable de faire un tas de choses qui vous aideront médicalement. Est-ce que cela vous rend heureuse ?
Oui

On en a parlé : Erickson travaille ici la pérennité du changement par l’appropriation via la satisfaction personnelle, son grand leitmotiv. Sans cela, elle n’aura pas le sentiment d’avoir changé au vrai sens du terme, mais d’être changée, d’être différente, par l’effet d’un phénomène hypnotique, temporaire. La greffe, pour qu’elle prenne, qu’elle ne soit pas rejetée, doit être considérée comme un membre qui appartient à  l’organisme. Idem pour la personnalité.
Par la même occasion Erickson en profite pour minimiser son rôle, et faire la démonstration presque paradoxale de l’abnégation dont il est capable et de son indifférence quant à  la reconnaissance ou à  l’admiration qu’on lui voue. Paradoxale parce qu’il le pose presque dans une posture cabotine ici, avec la prétérition de l’hypnotiseur de spectacle, qui permet quand même de rappeler l’admiration qu’on voue d’ordinaire aux gens qui font ce qu’il fait.
On peut imaginer qu’il insiste dessus également à  l’intention des personnes qui le filment, l’équipe de Palo Alto de l’Université de Stanford, qui l’admirent comme une bête curieuse : comme une façon de suggérer qu’il ne souhaite pas recevoir l’admiration idiote que suscite les faux gourous narcissiques des spectacles d’hypnose. Mais ce sont là  des suppositions gratuites.

Les possibles à  venir

Maintenant, je ne sais pas que seront vos objectifs futurs, mais j’espère que si un jour vous vous marriez et avez un bébé, que vous l’aurez très confortablement et facilement, que si vous avez une opération, vous pourrez l’avoir confortablement et facilement, que toute chirurgie que vous pourrez avoir sera confortable et facile, tout soin dentaire que vous pourrez avoir sera confortable et facile, est-ce que cela vous semble acceptable ?
Très
Très acceptable ?
Oui

Ici, les suggestions post-hypnotiques se précisent. Erickson évoque des contextes spécifiques où il pourrait être fait usage de cet apprentissage, à  moyen terme ou à  long terme. Ce qui est remarquable, c’est la façon dont il évoque ces usages éventuels sans forcer l’activation. Il ne dit pas « Quand vous vous ferez soigner les dents, alors vous entrerez en hypnose, fermerez les yeux, etc… ». Il formule cela comme un souhait qu’il lui adresse, un vÅ“u. Pourquoi ? Parce que l’avenir de cette jeune femme ne le regarde pas. Ce n’est pas à  lui de le programmer. Il lui permet de jeter un pont entre l’apprentissage d’aujourd’hui et les utilisations futures. Ce n’est pas lui qui impose ce pont, qui piétine l’avenir de sa patiente avec des suggestions à  gros sabots. Mais il doit s’assurer que de son côté, ces évocations « au passage », elle s’en saisit et accepte bien d’en faire des projections post-hypnotiques de cet apprentissage. C’est ce qu’il fait en lui demandant franchement si elle peut l’accepter. Mais ensuite, qu’elle l’accepte ou non, ça ne regarde qu’elle. Elle garde la main sur son propre destin. Erickson l’aide à  développer un outil supplémentaire, mais ensuite, c’est à  elle d’en faire ou non quelque chose.

Ad vitam

J’en suis tellement content. Et j’espère que vous garderez cette connaissance avec vous pour le reste de votre vie… et ce n’est même pas vraiment important que vous sachiez que je vous ai hypnotisé. Ce qui est important pour vous c’est de savoir que vous avez fait tout cela par vous-mêmes. Maintenant, j’aimerais que vous preniez deux ou trois grandes respirations et que vous vous réveilliez complètement

Idem ici, il n’impose pas l’amnésie, il la propose. Il propose à  la jeune femme de ne pas se souvenir que cette compétence vient de cette séance d’hypnose et d’Erickson, pour qu’elle puisse s’en attribuer la totale paternité. Cependant, elle peut également en garder le souvenir et souhaiter se sentir fière d’elle-même tout en se souvenant du rôle joué par Erickson et son hypnose ce jour-là . L’option est conservée et ouverte.
Erickson insiste souvent sur l’importance d’ancrer le changement dans le très long terme. Ici, son souhait, qu’elle ne voudrait surtout pas décevoir comme nous l’avons dit, surtout qu’il vient à  nouveau d’éprouver son contentement, son souhait est qu’elle garde cet apprentissage pour le reste de sa vie. Et qu’est-ce qui se passerait si on apprenait cette phrase par cÅ“ur et qu’on s’arrangeait pour la réciter dans chaque séance d’hypnose : « Et j’espère que vous garderez cette connaissance avec vous pour le reste de votre vie… »

That’s all, Folks !

Je ne sais pas si vous serez nombreux à  avoir lu jusque là . D’autant que j’ai dû limiter mes relectures et corrections pour laisser quelque chose d’assez spontané. Vous excuserez les redondances, les coquilles, les lourdeurs… et surtout les omissions. Il reste des milliers de choses à  dire, mais j’ai voulu m’en tenir à  une poignée d’axes directeurs principaux.
Merci pour votre temps. De mon côté, j’ai toujours beaucoup de plaisir à  offrir du contenu exclusif gratuit pédogique ou autre sur ce blog et ailleurs et je me fais un devoir de rester disponible pour ce partage. Mais ça prend beaucoup de temps. Si vous voulez m’aider à  libérer du temps pour vous produire davantage de contenu, travaillé et vulgarisé, et notamment que je puisse faire davantage d’audios et de vidéos, n’hésitez pas à  contribuer librement :

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Hypnose Appliquée, Antoine Garnier

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